Brève psychanalyse de Caïn … par Caïn

À la racine de la violence

« Moi, Caïn, je vous parle du fond des âges. J’ai longuement médité sur le destin qui fut le mien. Destin tragique puisqu’il marqua de son sceau l’histoire de notre humanité en ouvrant la voie à la violence entre les hommes … »

… Quand je naquis, ma mère s’écria : « j’ai acquis un homme avec l’Eternel ». J’étais désormais, comme le signifie mon nom en hébreu, la « possession » de ma mère, sa « propriété ». Dans toute mon existence, jusqu’à ce jour tragique, j’étais totalement confondu avec elle. Ma « psyché » et celle de ma mère étaient pleinement « fusionnées ». Je ne me sentais pas d’identité propre. 

(…)

Quand mon frère Abel naquit, sa venue au monde fut nommée par référence à moi : Eve « mit au monde le frère de Caïn » nous dit, en effet, le livre de la Genèse. De plus, le nom même d’Abel signifie la « buée » donc, d’une certaine manière, il était « presque rien ».

 

J’étais à nouveau inscrit dans un rapport de toute puissance face au monde, forgé dans la relation à ma mère. Tout ce qui, de près ou de loin, pouvait faire ombrage à cette toute puissance suscitait en moi une jalousie féroce et se traduisait immédiatement par de la violence. Cette émotion m’envahissait et un passage à l’acte était toujours possible.

Lorsque l’offrande d’Abel fut reconnue par l’Éternel et la mienne ignorée, une très forte émotion monta en moi que je me sentis incapable de maîtriser. Je n’ai pas su mettre des mots sur ce que je vivais et il m’était impossible d’en parler avec mon frère. 

 J’ai cédé à ma violence et, me jetant sur Abel je commis l’irréparable.

(…)

Aujourd’hui, je demande pardon à l’humanité pour avoir créé un aussi triste précédent. Avec le chemin de conscience que j’ai opéré depuis ce drame, et les pardons exprimés du plus profond de moi, je me sens apaisé et grandi. 

J’ai appris de cette terrible expérience l’importance de l’existence de l’autre, la valeur de la justice et de la responsabilité, le prix de la vie, le don de la miséricorde divine. Mon cœur de pierre est peu à peu redevenu un cœur de chair. J’ai compris ce qu’aimer veut dire.

J’espère que, par la voie mystérieuse de l’Esprit, de tels enseignements infusent aussi dans la conscience de l’humanité. »

Alain-Joseph Setton

Extrait du livre « Le coaching biblique, un accompagnement psycho-spirituel »

https://www.coaching-biblique.fr/