Agitation des pensées et combat spirituel
Nos pensées, un enjeu majeur de nos combats intérieurs
L’épreuve induit une souffrance qui nous confronte à un véritable combat psycho-spirituel. En effet, la souffrance est un activateur du « mental », c’est-à-dire des pensées parasites qui suscitent la rumination et font tourner en rond. Plus on pense à l’objet de la souffrance, plus celle-ci est intense. Or, des chercheurs américains auraient mis en évidence que nous générons quelques 30 000 pensées par jour dont… 85 % sont inappropriées, c’est-à-dire non pertinentes par rapport à la réalité de l’instant présent.
L’agitation des pensées nous oriente vers le passé ou l’avenir, nous coupe de la présence à l’instant et donc de la vie. « Aïe, cette fichue blessure… Pourquoi moi ? Pourquoi m’a-t-il fait ça… ? Quel va être mon avenir… ? » etc.
À force de nous grignoter le moment présent, le Malin peut manger notre vie entière. Or, le présent est un « présent », c’est-à-dire un cadeau de la vie, il constitue la seule chose dont nous soyons vraiment propriétaires dans ce monde. Pour Eckhart Tolle : « La source première de notre souffrance est l’identification que nous avons avec nos pensées, ces « scénarios » qui accaparent sans cesse notre mental ». Et il ajoute : « La plus grande partie de la souffrance humaine est inutile. On se l’inflige à soi-même aussi longtemps que, à son insu, on laisse le mental prendre le contrôle de sa vie… Notre malheur ne vient pas de notre condition de vie mais du conditionnement de notre esprit. »
Ce sont là des paroles très dures mais pleines de sagesse et de vérité. La vraie vie et la Transcendance ne se rencontrent que dans la profondeur de l’instant présent.
Le « Séparateur », encore appelé le Malin ou Prince de ce monde dans la tradition chrétienne, nous sépare de nous-mêmes en prenant appui sur les agitations du mental. Deux risques nous guettent à l’égard du Malin. Le premier est de croire qu’il n’existe pas. Le second est de le voir partout. Il importe donc de le situer à sa juste place.
Quand il œuvre, il attise nos ressentiments, nos ressassements et leur cortège de dégâts sur notre santé et nos relations. Il active notre pulsion de mort, contractée parfois dans nos épreuves. L’épître de saint Pierre nous met en garde : « Veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera » (1 Pi 5, 8-10). Prendre conscience de ses manœuvres, en être un observateur vigilant, est un pas en avant vers l’élargissement de son champ de conscience et la guérison. « Veillez et priez. »
« Délivre-nous du Malin », dit le Notre Père dans sa version orthodoxe.
Le Séparateur utilise nos failles psychiques comme voie d’entrée pour exercer ses tentations et ses accusations. Sommes-nous tristes, en colère ou enflés d’orgueil ? Il va distiller en nous des pensées et « en rajouter » afin de nous pousser à la faute. Ou, au contraire, le Malin nous accuse de toutes sortes de faiblesses, de manquements, qui s’appuient sur des difficultés personnelles, mais sont délibérément grossies et perverties.
Pour Jacqueline Kelen : « Le diable est l’ennemi de Dieu, le grand meurtrier de l’homme puisqu’il empêche son évolution, c’est-à-dire son élévation spirituelle. Et il étouffe sa liberté en le maintenant dans les bornes d’une existence terrestre, dans le cadre d’un monde dont il est le prince. Le moyen le plus efficace qu’emploie Satan consiste à faire croire que seul existe le monde matériel visible, qu’il n’y a ni Dieu, ni univers surnaturel (…) ; sans au-delà, sans après, sans vie éternelle. » L’auteur nous invite à « ne pas s’identifier à la condition terrestre. Ce monde est celui de la confusion et de l’illusion, il est voué au déclin et à la mort. Guerres, crimes, violences et tortures, famine et injustice, innombrables sont les maux perpétrés par les hommes cédant au Malin. »
Les affres du mental s’originent dans des mémoires du passé, mémoires trans-générationnelles et/ou traumatismes de l’enfance. En parasitant notre présence à l’instant le mental nous coupe de notre profondeur. Le passé attise ainsi les souffrances de l’âme. En prendre conscience et ne pas s’identifier à ces mémoires réactivées sont des facteurs clés pour notre cheminement psycho-spirituel.
Alain-Joseph Setton
Extrait du livre « Le coaching biblique, un accompagnement psycho-spirituel »