Tout chrétien sait que le Christ est Amour et qu’il est inconditionnellement aimé de Lui. Mais le ressent-il vraiment ? Vit-il l’expérience de cet amour dans son fort intérieur ? « Je ne crois pas en Dieu, je le vis » disait le grand théologien Maurice Zundel faisant l’apologie de la présence de Dieu en l’homme.

« Dieu personne ne l’a jamais vu » (Jn 1,8) rappelle l’apôtre Jean. Comment le « co-naître » c’est-à-dire en faire l’expérience sensible au-delà des croyances ? Celles-ci sont du registre de la pensée, or l’amour est une expérience qui relève du sentiment. Alors comment emprunter ce si long chemin qui est celui de la tête au cœur ?

De plus, « Dieu n’est en rien semblable à l’image qu’on s’en fait » nous rappelle le théologien Nicolas Berdiaev. Il est bien au-delà de nos représentations qui ne sont que projections humaines. Il rejoint la théologie « apophatique » selon laquelle Dieu est plus que tout ce qu’on peut en dire. En son essence Dieu est inconnaissable, insaisissable, incompréhensible, ineffable. Le “Réel » est voilé et résiste à nos représentations. Le mystère reste entier.

Certes, on reconnait l’arbre à ses fruits et il est évident que la prière, la méditation de la Parole, les élans de la foi, permettent de communier avec le Christ, voire ressentir comme les pèlerins d’Emmaüs un « cœur brulant » (Lc 24,32). Une prière entendue, des Grâces reçues, des songes sont des manifestations de Sa Présence et de Son amour. De même la contemplation de la nature, l’ouverture au sacré, des temps liturgiques favorisent un cœur à cœur avec Dieu.

« Dieu est Amour » (1 Jn 4,8) nous dit l’apôtre Jean. Mais les âpretés de la vie peuvent sembler en contradiction avec une telle affirmation. « Comment puis-je être aimé de Dieu et vivre autant d’épreuves ? » est une objection classique. L’enjeu est considérable car se sentir aimé de Dieu inconditionnellement donne des ailes, ouvre à une grande confiance en la vie et aide à faire face à ses adversités. Notre foi est alors étayée par un fort sentiment de paix et de sécurité.

L’amour de Jésus est un amour Agapé c’est-à-dire un amour universel et inconditionnel qui va bien au-delà de l’amour Éros et l’amour Philia.

À notre niveau, vivre l’amour Agapé, c’est ressentir un amour altruiste, fraternel, désintéressé. C’est donner gratuitement sans attendre en retour, accepter l’autre tel qu’il est, avec ses qualités et ses défauts, rechercher son bien-être sans profit personnel. Un tel amour s’apparente à celui d’une mère pour son enfant. Il procède de l’Être Spirituel qui est en nous, du Christ intérieur, du Soi affranchi de l’emprise de l’ego.

Comment contacter et s’imprégner d’un tel amour qui rejaillira sur notre foi, notre joie de vivre et nos relations aux autres ? Pour cela nous pouvons retrouver des expériences apparentées à l’amour Agapé vécues dans notre histoire personnelle et ainsi revivre une préfiguration de cet amour divin même s’il n’en est qu’un pâle reflet.

Peut-être avons-nous expérimenté enfant, ou dans notre parcours de vie des effusions d’amour qui peuvent ressembler à un tel amour.

Ce sont ces expériences qu’il vous est proposé de contacter :

Revivre l’expérience d’un amour « divin ».

Afin de plonger dans votre propre histoire, vous pouvez prendre appui sur les questions suivantes :

  • Revoyez des moments de votre enfance où vous vous êtes vraiment senti aimé de manière inconditionnelle.
  • Quelle(s) personne(s) vous prodiguai(en)t un tel amour ?
  • Revoyez les contextes, les visages … Observez les gestes et le regard portés sur vous.
  • Qu’avez-vous alors ressenti ou pensé ?
  • Que ressentez- vous aujourd’hui à cette évocation.
  • Quel lien feriez-vous entre cet amour reçu et l’amour du Christ ?
  • Sur quelles personnes vous arrive-t-il de porter cette forme de regard aujourd’hui ?
  • Que concluez-vous de cette expérience ?

Revivre de telles expériences permet de mieux s’ancrer dans l’amour et percevoir un avant-goût de l’Amour du Christ. Cela aiguise aussi la conscience qu’un tel amour est indissociable de l’amour de l’autre, « Qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui » (1 Jn 4,16). 

Replonger notre enfant intérieur dans ces expériences fondatrices nous fait recontacter l’essence divino-humaine de notre être. Rendons grâce à ces êtres que la Vie nous a fait rencontrer et dont l’amour donné a contribué à nous mettre sur le chemin de « demeurer en Dieu ».